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Ariadne Breton-Hourcq



La contemplation du paysage à la fenêtre me permet de noter que ce qui passe dépasse parfois en grâce, en beauté, en noblesse, ce qui est arrêté, ou qui résiste. En cet instant, par exemple, les arbres et les arbustes sont secoués par le vent pour la seule raison, immédiatement perceptible, qu’ils sont persévérants. Dans la mesure où ils se relâchent, par moments, le secouement peut naître. S’ils n’étaient pas enracinés, on ne pourrait pas parler d’un murmure de leur feuillage, et par conséquent, plus question de rien entendre. Qui dit entendre, dit murmure, qui dit murmure, dit remuement et qui dit remuement dit cette concrétude qui est plantée quelque part et qui prend son essor à partir d’un point précis. Les beaux nuages, fuyants, grandioses, sont sans attaches, et ne produisent de ce fait aucun secouement. Il y a des montagnes de nuées et des forteresses de nuages dont la pose rappelle presque la nonchalance des cygnes qui nagent, ou l’indolence des femmes qui se laissent amener ou résoudre à un sourire ou à un geste. La vocation du beau, du tendre, du sublime culmine dans une totalité de docilité silencieuse, ainsi qu’il en va par exemple d’idées élevées ou d’oeuvres charitables, de la justice, de l’amour. Dans un silence inaudible, la plus majestueuse des notions s’éloigne, soufflée par la bouche archaïque du vent. Cependant l’immobile, le tenace, tout ce qui offre ou oppose une résistance à ce vivant, le palpable comme l’impalpable, tous sont là, semblant se connaître et se compléter de la plus exquise façon.

Microgramme 21 - L’écriture miniature - Robert Walser

 

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