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VERNISSAGE LE SAMEDI 4 SEPTEMBRE À 12H

Emmanuelle Germain



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Les photographies d’Emmanuelle Germain installent avec délice le spectateur devant un paradoxe purement visuel : la torpeur ne diminue pas la présence du visage qu’elles nous montrent, par exemple, mais au contraire, elle la renforce, l’épaissit. C’est comme si l’éloignement apparent de celui ou de celle qui ne se sait pas vu augmentait une sorte de proximité ontique c’est à dire de rapprochement avec ce qui existe avant de signifier quoi que ce soit. Bergson relevait en son temps, que l’art avait tout à voir avec l’hypnose, avec l’état d’hypnose, cet amollissement psychique qui défait doucement l’identité. C’est parce que là aussi, l’art nous rappelle à une existence commune, antépsychologique, asymbolique. Il n’est pas anodin, de ce point de vue que la philosophie de Bergson puisse se lire comme une esthétique de la distraction et de la dilatation du sujet et cela éclaire le travail d’Emmanuelle Germain, car c’est bien ce qui l’intéresse : nous sommes, pourrait-elle dire avec Bergson, dans tout ce que nous percevons. La frontalité qu’elle organise dans ses portraits est poreuse : nous n’envisageons pas le regard qui nous traverse, nous y plongeons. Et qu’elle photographie Manon Avram, chorégraphe, mimant l’hystérie, la crise de démence, ajoute à ce bergsonisme : danser suppose qu’on rejoigne ce point aveugle où l’image se fait corps, s’incarne aveuglément, la place sans lieu où l’esprit se délite dans la matière. ( ... )

Extrait du texte « La place des corps » de Charles Floren sur les photographies d’E. Germain.

 

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