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LA MARSEILLAISE

De la profondeur en peinture



La Tangente présente jusqu’au 19 juin le travail du jeune artiste allemand Wolfgang Flad. Cet artiste, qui vit et travaille à Stuttgart, jouit outre-Rhin d’une renommée toute nouvelle, lui accordant sa place dans de nombreuses collections. Cette première exposition en France est pour lui l’occasion d’expérimenter un lieu moins institutionnel. « L’espace de la Tangente, implanté au cœur d’un marché aux puces m’a intéressé, car sa vitrine est entourée de marchands d’objets et de meubles design, comme un contrepoint à mon travail », explique-t-il.

Pour cette exposition, Wolfgang Flad présente un ensemble de travaux intervenant sur différents médiums comme le papier, le bois, le verre, ou les murs de la galerie, jouant des propriétés de chacun.

Ainsi, la vitrine, peinte de formes circulaires transparentes, fonctionne comme un espace-charnière, proposant un dialogue entre les objets externes entreposés devant les boutiques des brocanteurs, et le travail de peinture à l’intérieur de la galerie. Wolfgang Flad accentue ce téléscopage en réalisant une peinture murale dont il estompe les formes jusqu’à leur donner l’apparence de projections, d’ombres qui pourraient émaner des motifs peints sur la vitre.

Le travail s’accompagne toujours d’une volonté de transgression de l’espace, tout autant de celui de l’installation que de celui qui reste interne à l’œuvre. En effet, quand il réalise ses peintures, Flad creuse la matière, dans une démarche quasi-archéologique, une recherche de l’essence des choses.

Ainsi, il découpe des formes psychédéliques dans du papier cartonné, les assemblant par la suite en couches successives, ou creuse ses tableaux de contreplaqué laqué, révélant les veines artificielles du bois par des anneaux circulaires.

Au premier abord, ces « monochromes », à l’instar des objets design des années 60, apparaissent comme étant extrêmement lisses, brillants. En effet, l’artiste utilise pour les réaliser de la laque industrielle pour voitures appliquée à la bombe. Cependant, à travers les formes abstraites de sa peinture, et malgré son apparente planéité, ses couleurs vives, ce ne sont pas moins des paysages géologiques que Wolfgang Flad livre.

Transgressant l’espace de la peinture pour pénétrer la matière, il joue de l’épaisseur du tableau pour devenir sculpture, et ses paysages insulaires deviennent des cratères, des courbes qui relèvent de la topographie. Bien que fasciné par les motifs et les couleurs des années 60, Wolfgang Flad fait cohabiter les matériaux industriels avec la rugosité du bois brut, véhiculant ainsi une certaine idée de la nature. Et supporte la proximité des objets qui l’inspirent en dépassant une dimension décorative, pour proposer une véritable recherche sur les formes qui mène à l’état de contemplation.

Florent Joliot

 

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