La galerie d’art contemporain nichée dans le hall des antiquaires aux Puces est un lieu ouvert sur le monde.
C’est au bout d’un long couloir, plutôt étroit, et jonché d’objets de brocante en tout genre - meubles échappés d’un autre temps, déclinaison de chaussures pour femmes, lustres délicats et collection confuse de bibelots - que le passant découvre, au gré de sa chine, l’espace vitré et clair de la galerie La Tangente. La pureté de ses lignes et de ses écritures détonne soudain dans ce carphanaüm populaire et heureux où la radio crache en continu son flot de musiques plurielles.
Ouverte en 2002 dans l’aile droite du hall des antiquaires, La Tangente est une fenêtre sur l’art contemporain dans les quartiers Nord de Marseille. Dans un espace où la vie portuaire trouve son essence. Le port, l’échange, à la genèse de la galerie.
« Elle est le résultat de la rencontre de Marseillais avec des Allemands qui ont eu l’idée de développer un échange culturel, artistique, entre Marseille et ses villes jumelées, explique Meike Gathje, chargée de la communication et administratrice, principalement avec Hambourg, puisque trois des quatres membres fondateurs, dont la présidente de l’association Marianne Andresen, sont de Hambourg. Aujourd’hui, la proposition s’est étendue au reste du monde ».
Point de rencontre entre des artistes de tous bords, nationalités et disciplines, au rythme d’expositions toutes les six semaines, la galerie est avant tout un espace de brassage des publics.
« Exister est déja une bonne chose, poursuit Meike Gathje, mais il est important que les gens sachent qu’une galerie est ouverte, que tout le monde a le droit de regarder et d’avoir une opinion. Nous menons donc des ateliers pour enfants en centres sociaux et écoles, une fois par mois avec l’artiste invité ».
Ces jours-ci, jusqu’au 13 août, les publics sont donc invités à porter leurs regards sur le travail de Nathalie Sanchez-Erazmus.
Photographies om, sans masquer l’image, se dessinent momies et sphères flottantes, autant d’énergies vitales dépossédées. Pluie de cartes peintes et routières signifiant des lignes d’horizon et des géographies à s’approprier ou à reconstituer. Peintures complétées de filtres à air pour suggérer les couches successives cachées par l’image frontale. Agaves séchés et peints. Petites voitures courant sur des papiers gribouillés pour indiquer les mouvements contrariés des hommes. Rivière de galets peints par le soleil. Co-errances est une vision sensible du rêve américain, celui brûlé dans les grands espaces du sud-ouest des Etats-Unis.
« Je travaille sur l’infiltration en tant qu’étape et espace dans un phénomène de migration et d’exil inscrit dans le temps, explique l’artiste. Sur les notions de paysage et dépaysage, à travers mon expérience du sud-ouest américain. » Terre de frontière où l’or n’est que lumière.
Annabelle Kempff