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Vincent Dulom



Vincent Dulom est né en 1965 à Bagnères de Bigorre ; il vit et travaille à Paris. Il enseigne les Arts plastiques à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

 

Expositions personnelles

2005 Lenticulaires d’ombres, Espace III, Espace Croix-Baragnon, Toulouse

2004 L’observatoire originel, Palazzo Zorzi, Bureau de l’UNESCO, Venise, Italie

1997 Scrute le sombre, Chapelle Saint-Renier, Montemaggiore

1997 Peintures sur papier, L’Atelier, L’Ile Rousse

1997 Le passage, Centre Culturel Una Volta, Bastia

 

Expositions collectives

1996 Palazzu Naziunale, Corte

1988 Palais Universitaire, Strasbourg

 

La Tangente, au cœur des puces de Marseille, œuvre pour une démocratisation de l’accès à l’art contemporain. C’est un lieu stratégique pour servir l’art et l’homme, un regard ouvert sur l’autre et sur la vie. Grâce à cette exposition, j’ai la chance de participer à cette entreprise.

 

L’échappée d’ombre est une installation environnementale de peintures - réalisées en photocéramique à partir de moyens numériques -, dont les couleurs semblent, sous les reflets, animées d’une ombre mouvante. L’exposition propose un lieu de contemplation et de recueillement, à l’échelle de l’homme, pour faire l’expérience du regard et de la pénombre, de la lenteur et du silence.

 

À terre, sous les regards, une peinture en ciel d’ombres. Laquée, blanche, la galerie baigne dans une lumière blafarde. Gisant là, au sol, de petites peintures de porcelaine s’abîment au creux d’épaisses collerettes de farine aux bords délabrés. Abandonnées aux dépressions circulaires des moulures du feutre poudreux, elles offrent la présence de regards noirs, sans fond. En miroirs de sorcières, elles fixent, les renvoyant, les images éthérées des visiteurs. Seule une attention vigilante permet de déceler, aux replis de la couleur, dans le regard vitreux de la porcelaine, la persistance d’une animation. Sur les ruines de leur encadrement, sous l’enduit vitrifié, les disques s’agitent, insaisissables. La peinture bouge. Faiblement. La disparition promise ira avec la sienne. Treize disques ; autant de soleils sombres à cols fanés, mouvant de manière imperceptible, perdus dans la pénombre, sur le sol déserté d’une pièce blanche, brillante, qui réfléchit, elle aussi, en abîme, l’image flottante de celui qui vient ; treize disques, dans l’égarement d’une composition désolée, pour un parterre trouble, au temps suspendu. Le cadre a perdu de son lustre. Le vide domine. Les astres sont noirs, la pièce blanche ; l’extérieur est à l’intérieur, la profondeur à la surface. Le décor est fragile et la fin annoncée : en motif, mon ciel d’ombre. Rencontrer la lumière puis l’ombre, et voir jaillir, plus vive encore, la lumière, c’était l’histoire de ma peinture, des lenticulaires d’ombres. Je la laisse là, un temps, sombrer sous les reflets. À quoi bon. J’ai pris La Tangente au mot, pour ce qui n’a pas de sens. L’échappée d’ombre vitrifie l’écho dérisoire de treize disparitions communiquées par voie de presse, ou télévisuelle, de marins partis de France, disparus en mer, l’an passé. Je ne les connaissais pas. On ne peut pas vivre sept milliards de vies. Mais la vie s’obstine et la mémoire persiste. Soustraits à la vue, deux disques, plus grands, et un lenticulaire, veillent. Les disques s’arrachent encore à la terre ; quant au lenticulaire, il flotte sans gravité - il poursuit sa lente révolution pour un autre à venir.

À mon père.

À ma mère.

À peine là.

À treize marins que je ne connaissais pas.

À leur famille.

Vincent Dulom

 

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