C’est sûr que le Brésil (8 547 400 km2) et le Chili (756 950 km2) à eux deux sont plus grands que la Tangente (12 m2).
La galerie marseillaise a choisi d’exposer Patricio Palomo, un Chilien, et Luiz Barroso, un Brésilien. Le premier vit à Pernes la Fontaine, le deuxième à Marseille. 12 mètres carrés donc à partager entre deux artistes qui n’ont rien en commun et qui ne se connaissaient pas avant d’y installer leurs oeuvres. L’un parle portugais, l’autre espagnol. L’un vient de João Pessoa, ville verte, chaude et humide au bord de l’Atlantique, la ville où le soleil se lève en premier car elle abrite le point le plus oriental des Amériques ; l’autre de Santiago de Chile, capitale dont la douceur du climat est plombée par les pots d’échappement, située au pied des Andes qu’il fallait jadis traverser pour échapper au dictateur. Barroso voulait être prêtre, Palomo dentiste. Avant de se tourner vers l’art, Barroso a fait des études de sociologie, Palomo a travaillé en tant que graphiste. Barroso vient du nord du continent, ce qui correspond à notre sud (car tout est inversé là-bas, même la lune), et porte une boucle d’oreille. Palomo vient du sud du continent, qui est leur Suède, et arbore une chevelure blanche et patricienne. Barroso empile et suspend des galets en papier mâché légers comme des plumes et lourds de signification. Palomo fabrique des animaux en fil de fer et boites de conserves et peint en couleurs vives ce qui lui tombe sous la main, du parapluie à la cabine téléphonique.
Rien en commun ? Bien sûr que si. Tous deux sont artistes, ce qui devrait déjà suffire. Tous deux vivent dans le Sud de la France, depuis plus que dix ans. Tous deux ont un accent vraiment charmant. Et tous deux ont l’idée du partage, quand il s’agit de culture. Barroso travaille depuis toujours dans des projets collectifs, avec le Mouvement des Enfants des Rues au Brésil, avec Art et Développement en France. Palomo a dessiné dans des publications anti-Pinochet au Chili, et travaille ici avec des personnes handicapés et dans des écoles et des centres sociaux. Ils savent tous deux que l’art est politique, ce qui leur donne leur gravité, leur insouciance, leur envie de rencontres. La rue peuplée, un parking au bas d’un immeuble, une cour d’école, une scène de théâtre, un village au Kenya, un atelier avec des jeunes en difficulté à la Mission Locale de Carpentras, des voiles de bateaux peintes pour Iemanja : leur alchimie transforme partout les rebuts en perles, les objets mis à l’écart en centre d’intérêt, les laissés pour compte en artistes en herbe. Alors exposer à deux dans 12 mètres carrés, dans une galerie atypique, dans les quartiers Nord, au milieu du foisonnement du marché aux puces ? Un jeu d’enfant. Un geste de professionnels rodés au partage. Un challenge pour artistes philosophes. La Tangente est heureuse d’accueillir Patricio Palomo et Luiz Barroso, qui ont en commun que chez eux la lune est toujours à l’envers. Bien sûr, ça dépend uniquement du point de vue. Les points de vue sont multiples, leur exposition est unique.
Luiz Barroso est né en 1951 au Brésil. Dernières expositions :
2007 : Ex-votos & Caminhos de perdras, avec Patricia Prunelle, Espace Bontemps, Gardanne
Le temps des cerises, exposition collective, Hôtel de Ville de Luc en Provence
Patricio Palomo est né en 1946 au Chili. Dernières expositions :
2008 : Art et Recyclage expo concours Sauve-Greniers à Annecy organisé par l’ARVVA : 2ème prix.
Marathon Artistique à Genève : 48 heures de création non stop aux Bains des Pâquis
2007 : Deux artistes, deux, exposition en duo pendant le festival, Théâtre Golovine, Avignon, Vaucluse.
Art Buffets et Art Gourmet, exposition personnelle, Avignon, Vaucluse.
Crèche à la Rach... dans la galerie L’R du Cormoran, Pernes les Fontaines, Vaucluse
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