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"Ritratti" de Marie Passarelli Laugier



L’exposition "Ritratti" présente une série de portraits que l’on ne saurait réduire au terme de "peintures" du fait du caractère bidimensionnel évoqué par ce dernier. En effet, outre leurs corrélations formelles évidentes et la dimension évolutive de la série qui en font un ensemble non fixe, une installation - aussi parle-t-on de "peintures installées" -, la pratique plastique de Marie Passarelli Laugier a toujours privilégié le rapport de sa peinture à l’espace environnant, et notamment à la mémoire du lieu : ses premières séries de toiles sur châssis, axées sur les problématiques de la strate et du palimpseste, tendaient déjà à se confondre avec le plan du mur et ses recouvrements successifs, voilant les traces d’existences passées...

Ainsi, tout visiteur participant à l’exposition Ritratti s’installe, s’inscrit dans l’événement, et par là dans la mémoire du lieu, cet espace-temps au-delà de toute subjectivité : sa déambulation, son corps parmi les autres, portraits et sujets, les échanges qui peuvent y naître, interviennent directement dans la composition de l’oeuvre, forme non finie, définitivement éphémère... Bien sûr, il emportera avec lui un souvenir du lieu propre à son ressenti, une de ses identités, une trace parmi tant d’autres... comme ces cartes de visite sans coordonnées que certains sujets distribuent - performance absurde et pourtant... -, seules traces tangibles d’une proximité vécue, de rencontres ou simples regards échangés lors du vernissage, formes de "socialité" aléatoire.

La peinture de Marie Passarelli Laugier est actée et tactile. Les corps se mêlent : outil, support, objet... La peau est souillée, griffée, empreinte de la fusion encore odorante... lacérée puis cicatrisée par des coutures au caractère quelque peu obsessionnel, des impressions charnelles au fil du temps de son passage...

Si toutes les oeuvres de Marie Passarelli Laugier, sujettes à des corps à corps répétés, se présentent comme des entités physiques, ses "Ritratti" ont concrètement endossé les oripeaux qui dévoilent leurs squelettes respectifs. L’artiste projetterait-elle ses sujets dans la mort, les visiteurs dans leurs catacombes ? Nous serions-nous laissés enterrer vivants ? Sombre ironie !

C’est que la vanité est dans nos yeux... Les "Ritratti" n’abordent pourtant ce thème que dans la dérision. Ce n’est, en aucun cas, le triomphe de la mort que l’artiste célèbre à travers eux, mais bel et bien la jouissance du présent, de la vie.

Son fétichisme latent prend alors le sens d’un culte des vivants, et les individus "représentés" nous apparaissent comme ceux d’une communauté, un clan auquel l’artiste appartiendrait et qu’il tenterait d’étudier à travers l’Histoire collective, l’anthropologie et l’histoire individuelle dans un contexte psycho-socio-culturel. Loin de tout pathos, c’est dans le dérisoire que naît la grandiloquence des "Ritratti", dans un style baroque revisité par une éloge pulsionnelle, non pas de Dieu, mais des pulsations du commun des mortels, de ce quotidien qui lie l’individu à l’universel et vice versa.

Sophie Desrousseaux

.: "Ritratti" de Marie Passarelli Laugier :.
du 3 avril au 9 mai 2004
 

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