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Martin Noll


DIE ERFINDUNG DER MALEREI



Du fil à couper le beurre

 

Si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer : la Bière. 160 litres par an par habitant en Allemagne. La France avec ses 35 litres par tête de pipe vient loin derrière le Venezuela, 82 litres, bébés et mormons inclus. La bière, boisson des pauvres, le vin, boisson des dieux, navrante propagande romaine pour dénigrer Germains, Goths et autres Celtes. Au vernissage il y aura les deux.

 

Si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer : la Peinture. Sinon, pas de Joconde, et Picasso aurait été photographe pour revues de charme. Les tournesols serviraient à faire de l’huile, pas des croûtes, et Rubens serait une marque de vêtements grande taille. Et pas de titis parisiens dans la salle d’attente du dentiste. Quelle idée farfelue ce serait de commencer toute suite avec un Grand Verre ou un lapin à qui on explique l’art.

 

Si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer : l’Allemagne. Ils font tant rire et réfléchir, nos voisins de palier ! Quand c’est leur tour de nettoyer la cage d’escalier, ils s’y mettent à l’aube, en chantant pom pom pom poooom. Ils disent des choses comme « La prolongation de la journée de travail au-delà des bornes du jour naturel n’apaise qu’approximativement la soif de vampire du capital », « La culture humaine - et je dédaigne de séparer culture et civilisation - présente, comme on sait, deux faces à l’observateur », ou encore « Je suis l’esprit qui toujours nie ; et c’est avec justice : car tout ce qui existe est digne d’être détruit, il serait donc mieux que rien n’existât. » Leurs robots de cuisine sont indestructibles.

 

Voici donc l’artiste allemand Martin Noll à la Tangente, avec une exposition qui s’intitule « Die Erfindung der Malerei », ce qui veut dire en bon français « L’invention de la peinture ». Il a fait le chemin depuis Berlin, ses tableaux sous le bras, pour les accrocher dans la galerie du marché aux puces à Marseille. Attention : ce n’est pas de la peinture. On ne parle pas de corde dans la maison du pendu. Pourtant ses images sont d’une clarté exemplaire, sa technique unique, sa ruse admirable. Vous n’avez jamais entendu parler du transfert anastatique ? Du Reprorealismus ? Normal. C’est lui qui l’a inventé. Vous avez toujours voulu tout savoir sur l’invention de la peinture, vous n’avez jamais osé demander ? Occasion unique de se faire éclairer sa lanterne. Remarquez que la flamme de la bougie même jette son ombre sur le mur. Noll prétend que la peinture n’existe que dans nos têtes. Mieux : il en fait la démonstration. Un tableau est un tableau est un tableau, on a tendance à l’oublier. Ensuite, c’est une chausse-trappe. Un trébuchet pour l’intelligence. Un lent demi-tour sur l’autoroute. Noll sait que l’oeil n’est qu’un bulbe gélatineux troué qui, par chance, est relié à ce qui nous reste de cerveau. Un aveugle pourrait donc apprécier son travail ? A voir. S’il a de l’humour, peut-être, car c’est rigolo, comme tout paradoxe. Des vrais tableaux qui parlent de peinture sans l’être, ça n’existe pas, à priori. Il fallait donc les inventer. Puis les montrer, pour la première fois en France. C’est fait.

Mika Biermann

 

Martin Noll est né en 1960 à Frankenberg. Depuis son diplôme de l’école des Beaux Arts, il vit à Berlin. Il a fait de nombreuses expositions en Allemagne et en Suisse et fait partie des artistes de la galerie Jarmuschek & Partner. Il a publié plusieurs livres d’artistes dans des éditions diverses.

 

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